Présentation du projet de recherche

Ce colloque fait partie des activités de l'équipe de recherche  "Les musulmans d’origine subsaharienne et comorienne dans le paysage islamique français" financée par le Bureau des Cultes du Ministère de l'Intérieur dans le cadre de l'appel à projets de recherche 2017 "Islam, Religion et Société" (projet n°21-2017).

Mahamet Timéra, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot, chercheur à l’URMIS

Juliette Galonnier, docteure en sociologie, post-doctorante à l’INED

Mahamadou Cissoko, doctorant au Centre de recherche sur l’habitat (CRH)

Seydi Diamil Niane, docteur en études arabes et islamologiques, chercheur au Timbuktu Institute

Hassan Oili, doctorant en sociologie à l’université Paris-Diderot

Cheikhna Wagué, docteur en histoire, chercheur affilié à l’IMAF

Les musulmans d’origine subsaharienne et comorienne représentent une part non-négligeable (autour de 10%) de la population musulmane française. En dépit de cela, l’islam subsaharien et comorien en France métropolitaine reste mal connu. Ce projet de recherche vise à combler cette lacune. Il se compose de deux volets : un panorama de la place des musulmans d’origine africaine et comorienne dans le paysage islamique français ; une étude qualitative sur l’islam vécu des deuxièmes et troisièmes générations.

Dans un premier temps, l’équipe dressera un tableau qui soit le plus complet possible du champ de l’islam subsaharien et comorien en France. On s’attachera à comprendre les dynamiques internes et externes, hexagonales et transnationales, qui structurent ce champ. On cherchera à en identifier les figures importantes (chefs de file, dignitaires, imams, politiques et militants associatifs) ; les institutions (associations, structures confrériques, groupes étudiants, écoles, mosquées et lieux de culte en foyer, centres « islamo-culturels ») ; et les médias (sites religieux et blogosphère). La diversité et le dynamisme du champ pourront notamment être saisis à la faveur d’événements particuliers qui feront l’objet d’observations ethnographiques (journée des Mourides, fêtes religieuses, fêtes culturelles, visite en France de dignitaires de différentes confréries soufies, etc.). On cherchera aussi à déterminer la position des musulmans d’origine subsaharienne et comorienne au sein du paysage islamique français et à comprendre les raisons de leur sous-représentation institutionnelle, par rapport aux musulmans d’origine maghrébine ou turque par exemple. On reviendra notamment sur la création de la FFAIACA. Pour réaliser ce premier volet, des entretiens directifs à visée informative seront conduits auprès de personnalités du champ. Des études de cas plus locales (en région parisienne ou marseillaise) pourront venir illustrer le propos.

Dans un deuxième temps, l’enquête se concentrera sur les deuxièmes, voire troisièmes, générations de musulmans d’origine subsaharienne et comorienne. On cherchera à savoir si ces personnes nées en France pratiquent la religion d’une façon différente de leurs parents, et notamment s’ils tendent à privilégier un islam purifié des influences culturelles héritées des pays d’origine. L’enjeu de la transmission intergénérationnelle des pratiques et croyances religieuses sera abordé. On tâchera de saisir la grammaire des reconfigurations identitaires et d’identifier le poids du religieux (par rapport à l’ethnique ou au culturel) dans la définition du soi. On s’interrogera notamment sur l’attrait comparatif du soufisme confrérique, du salafisme, du réformisme, ou de l’offre magico-religieuse parmi cette population. On réalisera pour cela de nombreux entretiens semi-directifs à visée biographique avec des personnes issues de milieux divers. A partir de l’enquête Trajectoires et origines de l’INED, on dressera un panorama statistique des musulmans d’origine subsaharienne et comorienne en France, qui nous permettra ensuite de constituer un échantillon le plus représentatif possible. Environ 50 personnes seront interviewées en régions parisienne et marseillaise. Leur anonymat sera strictement respecté.